Les espoirs envolés de CAK

par LSA IDF / 4 sept. 2024 à 08:35 Mise à jour 4 sept. 2024 à 08:55

CAK coince en finale paralympique 

Désillusion mais avant tout un profond respect 

La ligne à peine franchie, Charles-Antoine Kouakou se prend la tête à deux mains. Il a compris. Le champion paralympique en titre dans la douce moiteur du Stade de France chauffé à blanc par un public acquis à sa cause s'est enflammé pendant 240 m. Le champion est deuxième au virage, bien en ligne, aérien. On sent qu'il peut refaire le coup de Tokyo dans une dernière ligne droite décisive. Hélas, le sociétaire d'Antony 92 se tasse, perd de sa fluidité qui est sa force. Mètre après mètre il semble faire du surplace et les 20 derniers mètres confirment cette impression d'impuissance. Toutes ses forces sont parties. Charles-Antoine termine à l'arrache en huitième position dans le temps étonnant de 49"04. 
  Première constatation: en voyant le grand panneau, J. Obando (Colombie) s'impose en 48"09 ! Alors que tout le monde attendait une finale se jouant en dessous des 47 secondes pour avoir une chance de jouer le titre, cette finale  a été d'une lenteur étonnante. Est-ce le retard de la programmation, cette très longue hésitation au moment de partir ? Chaque détail a son importance pour cette catégorie où le doute peut s'installer très vite.  
  Maintenant, le sport se nourrit de victoires et de grandes désillusions. Cela fait partie du jeu. Pour CAK, le passé a été plus enviable que le présent vécu hier. Le champion et surtout l'homme ont suscité un fabuleux espoir dans sa maturité. Le gosse de l'IME Ladoucette du Bourget-Drancy (dont les jeunes étaient venus en nombre) et le travailleur de l'ESAT de Drancy avec la venue de son ancien directeur Jean-Michel Turlik qui a tant fait pour son éclosion a été et est un étendard parfait pour le sport adapté. L'image a changé grâce à CAK. Une fabuleuse aventure dont l'avenir proche nous dira si elle continue. En sport, comme dans la vie, rien n'est jamais plat ni acquis. 
Cette dernière ligne droite qui aurait pu être celle du bonheur comme à Tokyo s'est transformée en chemin de croix. CAK reste CAK pour tout ce qu'il a apporté au sport adapté, pour son sourire, sa foi en la persévérance. Un mec bien. Un très grand champion.
Nous sommes tristes pour cet athlète mais avant tout pour l'homme que nous respectons au plus haut point. Il a beaucoup donné et n'a pas été récompensé. Les vainqueurs parfois ne savent pas toujours ce qu'ils perdent. La vérité du sport l'a doublé dans ces derniers 80 m sans que notre haute estime ne change d'un iota.

(CAK a reçu le soutien affectif au Stade de France)


C'est maintenant qu'il faut entourer le champion.

 
En plus de 30 années de journalisme sportif j'ai oscillé par le biais de mon métier entre victoires et défaites, larmes de joie et de tristesse. Hier, une chape s'est abattue sur tout un stade et sur les épaules de chacun. Ma première pensée a été pour l'athlète mais aussi pour Vincent Clarico l'entraîneur qui a tant donné. Un investissement énorme sur tous les plans. Quand l'athlète court, le coach est seul, tout seul au bord de la piste. Cet entraîneur de haut niveau s'est mis totalement au service de son protégé avec un don total de lui-même. Ce duo a été porté par un but commun. La réussite n'a pas été là, point barre mais tout a été fait dans les moindres détails. 
  Il faut maintenant digérer, se poser en évitant les décisions hâtives. CAK et Vincent ont tout mis en œuvre pour aller chercher cette médaille qui s'est envolée dans une ligne droite tracée qui est devenue d'un coup sinueuse. En ce jour de défaite on doit garder ce regard lumineux sur la splendeur de leur aventure commune qui possède le goût de la réalité d'un travail bien mené avec les doux rayons d'un soleil. Une union de deux êtres qui n'oublieront jamais ce chemin parcouru sur la route de leur bonheur. 
CAK et Vincent ont été grands sur l'autoroute de la réussite. Ils le sont encore plus sur cette fuite passagère d'un destin qui n'a pas souri en conservant leur bonheur présent imprégné à jamais de leur légende dont ils sont les artisans. A tout jamais
 
Pascal Pioppi

(Nous reviendrons sur les bonnes performances de nos représentants sport adapté) 

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