La ligne à peine franchie, Charles-Antoine Kouakou se prend la tête à deux mains. Il a compris. Le champion paralympique en titre dans la douce moiteur du Stade de France chauffé à blanc par un public acquis à sa cause s'est enflammé pendant 240 m. Le champion est deuxième au virage, bien en ligne, aérien. On sent qu'il peut refaire le coup de Tokyo dans une dernière ligne droite décisive. Hélas, le sociétaire d'Antony 92 se tasse, perd de sa fluidité qui est sa force. Mètre après mètre il semble faire du surplace et les 20 derniers mètres confirment cette impression d'impuissance. Toutes ses forces sont parties. Charles-Antoine termine à l'arrache en huitième position dans le temps étonnant de 49"04.
Première constatation: en voyant le grand panneau, J. Obando (Colombie) s'impose en 48"09 ! Alors que tout le monde attendait une finale se jouant en dessous des 47 secondes pour avoir une chance de jouer le titre, cette finale a été d'une lenteur étonnante. Est-ce le retard de la programmation, cette très longue hésitation au moment de partir ? Chaque détail a son importance pour cette catégorie où le doute peut s'installer très vite.
Maintenant, le sport se nourrit de victoires et de grandes désillusions. Cela fait partie du jeu. Pour CAK, le passé a été plus enviable que le présent vécu hier. Le champion et surtout l'homme ont suscité un fabuleux espoir dans sa maturité. Le gosse de l'IME Ladoucette du Bourget-Drancy (dont les jeunes étaient venus en nombre) et le travailleur de l'ESAT de Drancy avec la venue de son ancien directeur Jean-Michel Turlik qui a tant fait pour son éclosion a été et est un étendard parfait pour le sport adapté. L'image a changé grâce à CAK. Une fabuleuse aventure dont l'avenir proche nous dira si elle continue. En sport, comme dans la vie, rien n'est jamais plat ni acquis.
Cette dernière ligne droite qui aurait pu être celle du bonheur comme à Tokyo s'est transformée en chemin de croix. CAK reste CAK pour tout ce qu'il a apporté au sport adapté, pour son sourire, sa foi en la persévérance. Un mec bien. Un très grand champion.
Nous sommes tristes pour cet athlète mais avant tout pour l'homme que nous respectons au plus haut point. Il a beaucoup donné et n'a pas été récompensé. Les vainqueurs parfois ne savent pas toujours ce qu'ils perdent. La vérité du sport l'a doublé dans ces derniers 80 m sans que notre haute estime ne change d'un iota.
(Nous reviendrons sur les bonnes performances de nos représentants sport adapté)